2012


Quatre médailles de bronze !

Aux « J.O. » de la Science, quatre Belges se sont distingués

Les Olympiades internationales viennent de se dérouler… mais pas à Londres. En juillet de chaque année, ce sont en effet les jeunes talents scientifiques les plus prometteurs du monde qui, terminant l’enseignement secondaire, confrontent leurs savoir-faire en Biologie, en Chimie et en Physique. Les biologistes se sont affrontés à Singapour, les chimistes à Washington et les physiciens à Tallinn.

À ce jeu, les jeunes Belges se sont bien défendus ! Malgré une rude concurrence – beaucoup de pays envoient des élèves issus d’un système d’enseignement hyperspécialisé, loin de notre secondaire général – nous avons en effet récolté deux médailles de bronze en Biologie, une en Chimie et une en Physique.

Performances de nos jeunes biologistes

A l’Olympiade internationale de Biologie, à Singapour, 59 pays avaient envoyé leurs meilleurs représentants : 239 jeunes ont démontré leurs capacités, dans tous les domaines de cette science en pleine évolution qu’est la biologie contemporaine. Au laboratoire de Biologie moléculaire, par exemple, les étudiants devaient analyser de l’ADN de façon à établir une cartographie génique. En Microbiologie, il s’agissait de tester la capacité qu’ont certains virus à détruire des bactéries, et donc à devenir un moyen de contrôler les bactéries multi-résistantes aux antibiotiques. Deux autres épreuves de laboratoire concernaient les fonctions des plantes et l’écologie animale. Enfin, un double examen théorique testait l’entièreté des capacités de réflexion des candidats. La première des 25 médailles d’or est allée à Nol Swaddiwudhipong, de Singapour, avec 133,58 points. La néerlandophone Lisa KINGET (NL, Collège Barnum, à Roulers) a obtenu une des 73 médailles de bronze, avec 103,35 points tandis que le francophone Hadrien DESMECHT (Athénée royal de Chênée) s’en octroyait une autre avec un score de 99,07. Axelle HUE (FR, Athénée royal Jean Absil, à Bruxelles) et Nicolas WILLEKENS (NL, Sint Barbaracollege, Gand) n’ont pas ramené de médaille, mais ont fait bonne figure en obtenant respectivement 90,30 et 89,02 points.

Résultats à l’Olympiade internationale de Chimie

Le jour de notre fête nationale 2012, la délégation belge à l’Olympiade Internationale de Chimie s’est envolée pour Washington DC. Aux commandes de cette délégation, Hans Vanhoe, Cédric Malherbe et Geoffroy Kaisin ont une fois de plus tout mis en oeuvre pour que les quatre candidats, Anthony Royer et Célestine Junque (FR), Dieter Plessers et Astrid Vernemmen (NL), puissent travailler dans les meilleures conditions possibles dans leurs langues maternelles respectives. Nos étudiants ont obtenu de bons résultats et une médaille de bronze a d’ailleurs été décrochée par le néerlandophone Dieter Plessers. Bien que nos autres étudiants n’aient pas obtenu de médaille, ils n’étaient pas très loin de l’avoir, seuls quelques pourcents les séparaient d’une distinction ! De tels résultats ont nécessité une formation approfondie sur des notions à la fois de base et spécifiques ainsi qu’un entraînement à la pratique de la chimie, souvent laissé pour compte dans les programmes de nos écoles.

Les participants à l’Olympiade internationale de physique

Les 400 participants à l’Olympiade internationale de physique à Tallin en Estonie provenaient de 82 nations différentes. La compétition est basée sur deux épreuves de 5 h : la première théorique et la seconde expérimentale. La complexité des problèmes posés à l’IPhO est habituellement démoniaque c’est-à-dire du niveau des deux premières années d’université ; dans ce domaine, nos lauréats ont été servis ! En dépit des embûches, Leandro Salemi (FR) du collège Ste Marie à St-Ghislain a brillamment décroché une médaille de bronze et Romain Falla (FR, Athénée Royal de Waremme) s’est hissé au niveau de la Mention Honorable. Quant à Basile Rosen (FR) de l’Athénée Royal d’Arlon, il n’a pas démérité sans que nous ayons eu le temps de défendre la Mention qu’il aurait pu légitimement briguer. 2012 est ainsi un excellent cru pour la physique en Belgique francophone.

Mathias Stichelbaut et Basile Vermassen (NL) se sont bien comportés, Mathias s’octroyant une Mention Honorable.

Performances de notre enseignement scientifique ?

Au vu de l’expérience accumulée en 25 ans de participation à ces Olympiades internationales, il y a des raisons de se montrer à la fois satisfaits et déçus de notre enseignement, spécialement en sciences. La satisfaction vient de ce que nos jeunes issus de l’enseignement secondaire général ont des capacités réelles. Ils savent réfléchir, analyser une situation, mais ils ont aussi de bonnes aptitudes linguistiques et sont très ouverts sur les autres et sur le monde.

La déception vient de ce que, depuis des années, notre enseignement scientifique s’est de plus en plus cantonné à la théorie, sans plus de contact avec la pratique, avec le terrain, bref avec ce que la science est censée étudier ! La plupart de nos rhétoriciens n’ont jamais eu d’activités de laboratoire ! Même hors du cadre olympique qui nous occupe ici, il semble difficile de motiver les jeunes pour les sciences en ne leur donnant à voir, en gros, qu’un tableau noir et des photocopies ! Raisonner, c’est bien, mais de préférence sur du concret, pas dans l’abstraction ! Nous étonnerons-nous encore longtemps, dans ces conditions, de voir se dépeupler les facultés de sciences de nos universités ? Or il y a là un enjeu global, concernant l’avenir du pays…

Une seule ressource : la matière grise

Les exemples des pays – petits ou grands – qui occupent l’avant-scène de notre monde sont concomitants : si vous voulez percer, misez sur la science et la technologie, dégagez des moyens financiers, développez vos talents nationaux et attirez ceux de l’étranger, et surtout gardez le cap ! Le géant indien ne procède pas autrement que la petite Finlande ou la cité-état de Singapour. Les différentes Olympiades internationales sont aussi l’occasion d’entrer en contact avec ces politiques et d’en mesurer les effets. Singapour, par exemple, a bien compris que sur un territoire microscopique sans aucune ressource naturelle, l’industrie manufacturière n’avait pas d’avenir. Cet été, l’Olympiade de biologie a ainsi visité BIOPOLIS, une initiative de l’agence gouvernementale A*STAR pour la Science, la technologie et la recherche. Des instituts de recherche, des outils de transfert des résultats obtenus vers l’industrie et la commercialisation, voilà la recette. Qui passe aussi par une collaboration avec les universités les plus performantes, de Singapour comme du reste de la planète. À noter aussi que si Singapour envoie volontiers ses talents se former à l’étranger, le pays sait aussi efficacement les faire revenir au bercail et alimenter le circuit scientifique local !

Dans ce domaine, modestement, les Olympiades de Biologie Chimie Physique créent une émulation ayant la science pour objet : un pas dans la bonne direction.

Résultats complets

Biologie
Chimie
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